Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/148

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à destination et de recevoir avec une singulière ponctualité.

Toutefois, la charbonnière n’allait pas encore jusqu’à comprendre, ou à excuser du moins, l’inclination de son fils pour une jeune fille de si modeste condition ; elle ne pouvait se figurer que ce sentiment fût bien profond. D’ailleurs, dans sa position nouvelle et avec la réputation qu’il était en passe d’acquérir, Victor ne manquerait pas de revenir de lui-même à une plus saine appréciation d’un acte qui s’opposait peut-être à sa dignité et à celle des siens. Il saurait se dégager : elle l’y aiderait au moment opportun. Au fond, l’orgueilleuse commerçante entrevoyait à présent une autre union pour son fils, parfaite et honorable en tous points celle-là, et c’était son mariage avec Mlle L’Hœst. Car il lui semblait impossible qu’à son retour, le médecin ne se sentît irrésistiblement attiré par la belle fiancée de son ami Claes, de même qu’elle ne doutait pas que celle-ci, son deuil terminé, ne considérât comme un devoir très doux d’accorder sa main au plus cher camarade de Prosper.

Cette perspective lui apparaissait avec une telle évidence que la fille de Théodore ne lui causait plus la moindre inquiétude : elle allait même jusqu’à compter sur le tact de la jeune fille pour la faire renoncer de soi-même à son rêve impossible. Aussi, se sentait-elle disposée à convenir de ses mérites avec une bonne grâce, qui tenait autant de la sincérité que du désir de complaire à Camille en se rangeant à son avis.

De fait, elle n’avait jamais été si aimable ni