Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/159

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guerre. C’est elle-même qui l’a dit à Mme De Bouck, qui l’a répété à ma fille…

— En voilà une bonne !

Et Vergust d’éclater de rire.

— Puisque je vous le dis, grinça le sellier. Oui, oui, c’est comme ça.

— Et vous le croyez ? Alors vous êtes encore de la bonne année ! Avec ça que les jeunes filles ne changent pas d’idées tous les jours !

Et, jubilant de ruiner les sottes prétentions de son compère, il représentait la nièce des Claes tout émue à la fin de la guerre de revoir l’ami intime de son fiancé et finissant par lui inspirer un profond amour aussitôt partagé. Le couvent, quand on était si jeune, si belle et si « fortunée », quelle farce !

— Vous dites que Victor De Bouck est un fin connaisseur en musique : oui, mais il s’y connaît en autre chose aussi. Et il sera bien servi avec Mlle L’Hœst sous tous les rapports : ça je vous le garantis !

— Vous ne savez pas ce que vous dites, repartit sourdement le sellier. Alors pourquoi est-ce que Mme De Bouck aurait raconté à ma fille que la nièce des Claes devait rentrer dans un couvent ?

— Tiens donc, interrompit le tripier, pour cacher son jeu !

Certain des propos tenus par la charbonnière, Buellings n’en avait jamais suspecté les motifs, tant la fausse amabilité de la négociante berçait son espoir. N’empêche que la remarque de Vergust lui causait du malaise :