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CHAPITRE XIV



Bien que l’aide américaine commençât de se faire sentir et que la dernière offensive de l’ennemi se fût transformée en retraite, Buellings ne partageait pas l’allégresse générale et, plus bilieux que jamais, ne cessait de maugréer contre la lenteur des opérations militaires. Sous prétexte qu’il avait soumissionné jadis à des adjudications de l’armée, il prétendait s’entendre mieux que personne à la tactique et prouvait sur la carte toutes les fausses manœuvres des alliés : de ce train-là on n’en aurait jamais fini ; aussi, l’optimisme des habitués du « Château d’Or » lui faisait-il pitié.

Ce n’est pas que le fielleux jeûneur ne crût à une paix prochaine ; il était à bout de mortifications et aspirait à rompre le rude carême que lui imposait sa honteuse avarice. Mais le plaisir de souffler froid sur les gens et de décourager les espérances lui était comme un incoercible besoin.

Seul, Vergust tenait bon contre ses prophéties affligeantes et plaisantait avec cette jovialité turbulente que rien n’avait encore pu entamer. Il l’appelait « mon général » et lui demandait