Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/229

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son cœur, colorant ses pâles joues, allumant dans ses beaux yeux tristes une flamme de triomphe. Tout à coup, se détachant de l’arbre contre lequel il était appuyé, l’infirme partit d’une course claudicante vers la ville.



— Ça y est ! Ça y est ! Madame Lust ! s’écria-t-il en s’affaissant dans les bras d’Adélaïde qui, chantonnante, époussetait le magasin d’un plumeau enivré :

— Oui, mon cher Bernard, dit-elle quand elle l’eut installé sur une chaise, Emma Vergust vient de nous apprendre la nouvelle. Ah, c’est une grande joie dans la maison ! Mon Jan s’habille justement pour aller une fois voir ce qui se passe dehors… C’est plus fort que lui, et je ne sais pas l’empêcher !

— Il faut que je monte chez les patrons, dit le jeune homme qui reprenait haleine.

— Non non, pas maintenant… Attendez, il y a déjà tant de monde là-haut !

— Alors, je sortirai avec M. Lust ! s’écria le commis.

Adélaïde le regarda avec une affectueuse pitié :

— Oh ! mon ami, ça serait une imprudence de votre part. Vous êtes déjà si fatigué d’avoir tant couru ! Et puis, ça doit être quelque chose sur la Grand’Place et dans le haut de la ville ! Restez seulement ici, ça ne vaut rien pour vous de courir dans les bagarres !