Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/23

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— Ne vous mettez donc pas à l’envers pour ça ! Ce ronge-cœur n’a que ce qu’il mérite. Il n’osera pas bouger, je vous dis, car on le tient, nous autres, hein Jan ?



C’est ainsi qu’Adelaïde prenait peu à peu des allures de serva padrona au grand profit de la maison qui, dans le chagrin de ses vieux maîtres, et les complications du ravitaillement domestique, avait bon besoin d’être gouvernée par une ménagère habile autant que robuste.

Depuis longtemps, les quincailliers la laissaient libre d’agir à sa guise ; la respectueuse affection qu’elle leur portait et sa droite nature l’eussent toujours empêchée d’ailleurs d’abuser des circonstances. Cœur simple, elle n’avait d’autre ambition que de servir fidèlement et de prendre à son compte, en ces tristes jours, toutes les grosses corvées de l’existence. Lust était émerveillé du courage de sa femme, de son savoir faire et de toutes ses qualités plus intimement conjugales. Comme il se félicitait de son choix ! Jamais il n’avait autant apprécié Adélaïde et, n’étaient les calamités présentes, il eût été le plus satisfait des hommes.

Or, il advint qu’à la suite d’un voyage à Jodoigne où elle avait été mandée au début de la guerre, par une parente, sœur infirmière d’un couvent de Visitandines, Adélaïde parut éprouver quelques désordres de santé qui alarmèrent beau-