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Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/265

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et ses mains, ne leur permettant désormais que de sobres gestes. À l’école de Prosper Claes et de ses amis, l’être retentissant de jadis était devenu un « piotte » réfléchi et discret, très cordial, plein de sang-froid du reste, d’initiative et de résolution dans la rude vie qu’il menait. Ses lettres à Emma Vergust, un peu grandiloquentes au début et se ressentant encore de l’accointance cornélienne, n’avaient pas tardé à devenir familières et gentiment cursives, à se proportionner à l’âme de son amie qui n’en était que plus à l’aise pour montrer, en ses discrètes réponses, l’intérêt toujours plus vif qu’elle prenait aux récits qu’il lui faisait de l’héroïque résistance de notre petite armée, ainsi qu’aux timides confidences de son cœur.

Emma n’avait pas attendu que le petit Louis se fût particulièrement distingué pour ne plus se défendre contre la sympathie qu’il lui inspirait. Le seul fait que, renonçant à sa vie oisive, il s’était engagé par amour pour elle, l’avait définitivement conquise à ce joli garçon. C’est de lui qu’il était question tout d’abord à chacune des visites intermittentes que lui faisait ce vagabond énigmatique qui, un soir mémorable, avait si rudement tancé le jeune pleutre pour s’attendrir à la fin devant ses larmes de honte et promettre de le conduire de l’autre côté…

Cette scène lui était toujours présente, de même que celle qui l’avait précédée. Que de fois son cœur s’était fondu en attendrissement au souvenir de la déconvenue du cher amoureux quand elle avait giflé l’audace de son ardent