Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/33

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Le quincaillier ne lui avait jamais rien commandé, c’est vrai, n’empêche qu’il lui était très sympathique. Ce n’est pas à cause de la guerre qu’on devait être fâché l’un contre l’autre entre vieilles connaissances. D’ailleurs, lui, on le savait bien dans le quartier, il avait toujours été pour la bonne entente.

— Et puis, dit-il en baissant la voix, je suis Alsacien… Alors vous comprenez… Très inquiet, bouleversé, le commis détournait la tête, affectant de ranger quelques outils à portée de sa main.

— Alors, ça va bien avec mossieu Prosper ? poursuivit le fâcheux. Vous avez de bonnes nouvelles ?

Mais Bernard se méfiait : on cherchait apparemment à lui faire avouer que les Claes recevaient des lettres du front.

— Oui, répondit-il, nous sommes rassurés pour le moment. Monsieur Prosper se porte bien. Il vient d’être nommé sous-lieutenant…

— Oh ! oh ! Eh bien ça me fait plaisir ! Alors, il vous a écrit ? Oh ! n’ayez pas peur. Vous pouvez me dire… Je suis un ami…

— Non, reprit Bernard avec plus de sang-froid, nous ne recevons jamais aucune lettre du soldat. Nous avons appris sa promotion par les journaux de Hollande.

— Ah oui ! fit le teuton désappointé, la Galette de Rotterdam. Et alors vous supposez que tout va bien avec lui ?