Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/49

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firent d’abord à transporter la marchandise chez les premiers clients ; elles furent vite remplacées par une voiture à bras sous laquelle un molosse, bien râblé et pourvu d’un gosier éclatant, tirait de toutes ses forces. Puis, le commerce prospérant, une petite charrette s’imposa à quoi l’on attela un âne vigoureux en attendant l’acquisition d’un tombereau et d’un cheval, ce qui ne tarda guère. Une fois l’affaire bien en train, Mme  De Bouck, nature plus positive que sentimentale, consentit enfin à réaliser les vœux du nouveau charbonnier en lui donnant à deux ans de distance un garçon et une fille, qui grandirent entourés de tout le confort bourgeois.

Devenue ambitieuse, Mme  De Bouck rêvait pour son fils d’une profession qui le sortirait de sa modeste classe sociale et lui permettrait un jour de faire un beau parti. Mais, si le jeune Victor se montrait intelligent et doué des meilleures dispositions pour l’étude, il s’en fallait que sa mère fût pleinement satisfaite de son caractère bonasse quoique doucement obstiné.

Un jour qu’elle lui avait enjoint d’espionner une servante dont la probité lui était suspecte, le garçon s’y était absolument refusé, préférant être puni plutôt que de faire le mouchard. Il avait déjà un sens très net de certaines vilenies, ce que sa mère ne voulait pas comprendre et traitait de naïveté. Elle le raillait volontiers depuis cette désobéissance, le prévenant que s’il continuait à se comporter de la sorte dans la vie, il serait toujours dupe, car on devait être pratique avant d’être délicat ou généreux. Trop de