Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/55

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il était inquiet, songeur, pressant le pas dans la rue sans nul motif de hâte ; bien souvent, il ne se rappelait plus pourquoi il était sorti, chez quel client il avait affaire. Même au Château d’Or, où il continuait à se rendre le samedi soir pour la partie de cartes de fondation, son esprit était ailleurs ; on craignait de l’avoir comme partenaire et, de fait, il n’en était pas de plus distrait. Ses bévues provoquaient d’interminables discussions que le pâtissier Lavaert, qui avait pris la place du pauvre Spreutels, exacerbait encore de sa voix de masque, aiguë comme un fifre. On se fût privé de son concours depuis longtemps n’était qu’il fournissait encore du charbon à ses copains à des prix assez modérés…



Cependant la nouvelle de la mort de Prosper Claes venait d’éclater, provoquant dans le quartier une explosion de sympathie et de regrets.

On plaignait ce jeune homme de n’avoir pu remplir tout son mérite. L’énergique figure du soldat se réveillait dans les mémoires, entourée d’une auréole de gratitude et d’admiration. Et c’était un attendrissement général à l’égard des vieux Claes que cette perte soudaine jetait dans une affliction inexprimable.

C’est Adélaïde qui, au lendemain de son retour de Jodoigne, s’était chargée d’apprendre à ses maîtres la fatale nouvelle. Dieu sait pourtant si la brave fille était frappée, elle aussi, au plus