Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/62

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Elle sécha ses pleurs :

— Pardonne-moi Pa… C’est vrai, je ne suis pas raisonnable… Assieds-toi, je vais chercher le souper.

Elle sortit vivement tandis que Théodore s’attablait en poussant un profond soupir. « Pauvre enfant, pensait-il, elle aurait pourtant le droit d’être heureuse après tant de courage et de dévouement… »

Il demeurait plongé dans ses réflexions, méditant sur les confidences contenues dans la dernière lettre de James et sur les francs aveux de sa fille… Car il savait depuis la veille les promesses échangées entre Martha et le fils des charbonniers. Certes, il en ressentait une grande satisfaction, non exempte d’une certaine fierté. Victor De Bouck était un garçon distingué qui avait déjà donné des preuves de son talent. Sa réputation grandissante et la situation aisée de ses parents lui assuraient un bel avenir. L’affection qu’il portait à Martha ne démentait pas les qualités de son esprit et la beauté de son caractère : il avait deviné les mérites de la jeune fille et, bravant les préjugés, ne voyait aucune espèce de déchéance à devenir le gendre d’un simple coiffeur. Du reste, la sympathie que Théodore avait toujours ressentie pour son jeune client s’était encore accrue depuis que l’interne avait soigné Clairette. Donc, il ne pouvait désapprouver sa fille de répondre à la tendresse du jeune homme. Mais, comme il tremblait à présent pour la vie du soldat sans parler des craintes que lui inspiraient les parents De Bouck ! Car il