Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/88

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tel éclat de santé. De fait, elle se portait à merveille malgré les fatigues que lui imposaient la maternité et ses fonctions de cuisinière, lesquelles, sous aucun prétexte, elle ne prétendait abandonner à personne.

— Ah ! grosse comme je suis, dit-elle en soupirant, c’est qu’à même bisquant que je ne sais pas le nourrir moi-même ! Alors, ça serait si facile…

Mais l’enfant, qui avait entendu sa voix, se démenait à présent, gigotait sur les coussins, imprimant à la caisse de la voiture bien suspendue de brusques mouvements de roulis et de tangage. En même temps, il poussait de petits grognements joyeux :

— Oui, oui, mon ancheke ! Je viens, je viens !

En l’apercevant, il tendit ses jolis bras à fossettes ce qui provoqua chez la bonne âme une crise d’adoration pleine de risettes et de ces mots baroques dont seuls les bébés peut-être saisissent le sens hermétique et profond.

Elle l’enleva, le couvrit de baisers et disparut un moment avec lui dans le fond du magasin pour des précautions point inutiles, tandis que, d’une main preste, la quincaillière rajustait la couchette demeurée sans aucune souillure.

— Non, non, dit la bonne dame, il a été bien sage. Vous pouvez seulement le remettre Adélaïde…

Le vieux Claes hochait la tête :

— C’est comme notre Prosper, dit-il rêveusement. Lui aussi était un si propre petit bonhomme…