Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/97

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Spreutels, elle s’était reconnue comme un droit de priorité aux hommages de ce jeune homme et n’avait plus tari de méchants propos à l’égard de son peu de goût et du sot mariage qu’il faisait. La mort du brave garçon n’avait pas éteint sa rancune contre Charlotte ; le sort s’était chargé d’anéantir les espérances de la pauvre enfant, mais elle restait la sœur de Victor De Bouck, cet empoté et bonasse interne qui, en dépit des avances du sellier, n’avait pas jugé à propos de demander la main de sa fille dont la dot, les grâces et le talent l’eussent pourtant poussé dans sa carrière plus qu’il n’en était capable par lui-même.

Elle reniflait en parlant :

— Alors, vous continuez toujours à servir la soupe dans les cantines ? Eh bien je préfère que ce soit vous que moi, vous savez !

— Oh ! j’aime beaucoup les petits enfants, répondait Charlotte ; ceux de mon quartier sont si gentils… Vous devriez les voir ! Ils ont l’air si contents de manger à leur faim… Je crois qu’ils m’aiment bien aussi. Tenez, il y en a un surtout qui…

— Les mioches sont malpropres et mangent comme des petits porcs. Pour rien au monde je n’irais regarder ça !

— Mais non, ils ont au contraire de très bonnes manières. D’ailleurs, à ceux qui sont encore trop petits, j’apprends comment ils doivent tenir leur cuiller et leur fourchette… Ainsi, il y en a un qui…

— Il ne faut pas être dégoûtée pour faire ce