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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/119

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Cependant, il était atterré de cette révélation qui éclairait d’une lumière crue tout ce qui lui était demeuré obscur et caché dans l’existence de cette femme et sur quoi il n’avait jamais osé lui faire de questions brutalement formelles. Certes, il savait bien qu’il n’avait pas été le premier, mais il croyait aujourd’hui la posséder sans partage. Sa douleur était inexprimable. Maintenant, il jugeait et condamnait un amour qui avait soudainement arrêté l’essor de sa jeunesse, si volontaire et studieuse jadis. Il songeait à ses parents attristés, à sa réputation compromise, à ses échecs universitaires. Son ami Michel avait raison : il s’était acoquiné à une aventurière. Des bouffées de honte lui montaient au cerveau à la pensée qu’il avait rempli auprès de cette femme le rôle infâme de « l’amant de cœur » et prélevé en quelque sorte sa part sur les largesses d’un bienfaiteur en profitant de l’indépendance qu’elles assuraient à sa maîtresse. Toute son âme honnête et droite se révoltait, indignée.

Alors, soulevé d’un immense dégoût :

— Nous ne pouvons plus nous voir, dit-il d’un ton âpre et sec. À présent que je connais la vérité, l’impossible est entre nous. Adieu…

Stupéfaite, elle le laissa dévaler le chemin, sans faire aucun geste ni jeter un seul cri pour le retenir.

Mais, quand il eut disparu derrière le taillis, elle se redressa lentement, sortit de sa prostration. Machinalement, elle avait enlevé de son