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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/169

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Alors, sans délibérer davantage, Hippolyte la souleva dans ses bras et sortit du stand en priant ses amis de s’enquérir de Michel.

Par hasard, il n’y avait personne dans cette partie de la plaine, de sorte que le transport de la blessée échappait à tout cortège importun.

— Vous souffrez beaucoup ? interrogeait-il d’une voix de tendre sollicitude.

Les bras noués autour du cou du jeune homme afin de se faire moins pesante, elle le regardait avec une expression complexe, mêlée de pudeur, de gratitude et de bien aise. Aussi bien, elle était étonnée de sa vigueur et de l’aisance avec laquelle il portait son fardeau.

— Non, répondit-elle, il me semble que cela va mieux. Déposez-moi, voulez-vous ?

Mais il n’avait garde de l’écouter, tant le contact de son corps souple lui causait de plaisir ; une tentation lui venait de la presser contre lui de toutes ses forces. Mais il se dominait :

— Non, non, fit-il, pas d’imprudence ! D’ailleurs, vous ne pesez pas du tout…

Et d’une voix mal affermie :

— Je suis si heureux de vous être utile à quelque chose…

Elle sembla ne pas avoir entendu, et d’un ton joyeux :

— Savez-vous à quoi vous me faites penser ?

— Ma foi non…

— À une jolie gravure qui attendrissait mon enfance : elle représente le bon Paul traversant une rivière avec Virginie sur les bras…