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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/27

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

sortant de prison, elles avaient encore quelque chose à se dire !

— Allez, toi ! s’écriait Adolphine en le menaçant d’une gifle. Va-t-en seulement, si ça t’embête, espèce de vilain moqueur !

Mais ça ne « l’embêtait » pas du tout, au contraire ; le railleur écoutait, amusé et même attendri, ce gentil verbiage, rempli sans doute d’une foule de petits riens mais où il n’y avait pas l’ombre d’une méchanceté à l’égard de personne. Car leur bonté foncière à toutes deux les préservait des bas commérages.

L’épreuve du chagrin, encore plus que la maternité, avait enfin dépuérilisé Thérèse et mûri sa raison. Elle était plus intelligente que sa belle et robuste amie, surtout plus cultivée ; Adolphine sentait instinctivement sa supériorité et ne l’en aimait que davantage.

La petite Mme Mosselman était une personne de bon conseil ; elle avait du jugement, de la finesse, un certain goût. Elle parlait avec facilité, d’une voix claire, presque sans accent ; elle s’habillait volontiers de couleurs sombres autant pour « s’amincir » en apparence que parce qu’elle n’aimait pas les toilettes voyantes. Ce n’est pas elle non plus qui eût jamais consenti à arborer sur sa tête ces panaches ridicules et multicolores dont raffolent la plupart des femmes, plus sauvages en atours que les sauvagesses elles-mêmes.

Elle avait de la discrétion en toute chose, ce qui ne l’empêchait pas d’être fort séduisante.