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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Frémissante, Thérèse l’écoutait et, sans y penser, se faisait plus lourde, plus abandonnée à son bras. Soudain, une cloche tinta d’un son net mais lointain :

— Dix heures ! s’écria-t-elle. Oh, cher, mais il faut rentrer bien vite !

C’est alors qu’il dit gravement ces paroles :

— Mon cœur déborde de gratitude envers vous, mon amie. Ce soir est l’un des plus doux moments de ma vie. Qui sait où je serai demain… Laissez-moi donc vous exprimer mes sentiments toujours refoulés… Madame Thérèse, Madame Thérèse, sachez que je n’ai jamais cessé de vous chérir comme au temps de ma jeunesse…

Brusquement, il l’avait enlacée et penchant sur elle son visage anxieux, ardent :

— Thérèse, ne veux-tu pas m’aimer ce soir comme je t’aime !

Elle défaillit presque à cette déclaration sourde, embrasée comme d’un feu couvant sous la cendre : c’était la première fois qu’il la tutoyait ainsi, la première fois qu’il l’appelait de son prénom, « tout court », et c’était ineffable.

Elle voulut se dégager mais il tenait bon :

— Oh non, fit-il d’une voix caressante, ne me repousse pas ! Car tu m’aimes aussi, je le sais bien ! Chaque fois que je me croyais en péril, il me semblait bien que je te sentais auprès de moi. Oui, tu me protégeais, parce que tu m’aimes !