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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/59

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

— Oh, je sais, repartit Lauwers, tu connais ton Iliade et tes classiques. Mais tu ne connais peut-être pas les femmes aussi bien…

À ces mots, Hippolyte ne put s’empêcher de rire :

— Tu as donc déjà éprouvé, pour ton malheur, l’attrait, le péril de l’éternel féminin ?

— Ne te moque pas, reprit le jeune homme légèrement piqué. Je suis ton aîné. Mon expérience a six mois de plus que la tienne. À vingt-trois ans, il est permis d’avoir déjà aimé et souffert…

— Pauvre garçon ! soupira gaîment Hippolyte.

Et pourtant, il savait bien, pour l’avoir sentie lui-même, l’affreuse amertume d’un amour impossible…

— Allons, conclut Lauwers, nous verrons bien. Et puis, je saurai ce que je veux savoir…

Ils étaient arrivés près des halles où ils se séparaient d’habitude pour rentrer chez eux.

— Rassure-toi, mon vieux, dit Hippolyte en serrant la main de son compagnon, je profiterai de tes conseils. Et d’abord, je te promets de ne remettre mes cahiers à l’étrangère qu’en faisant le signe cabalistique qui conjure les maléfices du jettatore. Là, es-tu satisfait ?

Mais une fois seul, elle lui apparut de nouveau avec ses grâces dominatrices. Et voilà qu’il se rappelait cette petite phrase qu’elle lui avait dite avec un regard si ferme :

— Non, ce sont vos cahiers que je veux…