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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/61

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V


Les Lauwers habitaient, quai de Mariemont, une vaste demeure dont la façade, perpétuellement salie par les poussières des bateaux charbonniers, n’en gardait pas moins un aspect avenant et sympathique.

C’étaient de bonnes gens qui jouissaient de l’estime générale. Mme Lauwers, petite femme d’assez forte complexion, mais très remuante malgré son obésité, avait été jolie et gardait, bien au delà de la quarantaine, une étonnante jeunesse de teint et de regard. Intelligente, de caractère enjoué, elle était la meilleure des épouses et des mères.

Pour M. Lauwers, il formait au physique un violent contraste avec sa compagne : grand, élancé, il mesurait six pieds et presque autant de pouces. Âgé de cinquante ans, la chevelure coquettement grisonnante, il ne semblait nullement disposé à vieillir et demeurait d’une activité extraordinaire. Son visage maigre, allongé, où les yeux brillaient, très vifs, derrière le pince-nez, avait de la distinction et rappelait certaines figures de Van Dyck.

Personne n’apportait plus de conscience en affaires ; c’était un grand travailleur, ingénieux,