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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/63

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

nait pas toujours à conjurer les fâcheux effets.

« Recalé » par deux fois à l’examen, le jeune Michel avait été obligé de doubler son année de candidature en droit en même temps qu’il entrait à la caserne ; cette incorporation, fût-ce même dans le bataillon universitaire, n’était pas faite pour stimuler son zèle et lui assurer une meilleure chance devant le jury.

M. Lauwers redoutait surtout que son fils n’eût de mauvaises fréquentations et ne pouvait assez blâmer ses diatribes à l’égard des jeunes gens studieux et bien élevés qui faisaient partie de sa classe. Ceux-ci, à en croire le paresseux, n’étaient que des snobs et de « parfaits crétins ». Il les accablait de son mépris et ne se faisait pas faute de les railler, de les humilier au besoin, non qu’il fût méchant et hargneux de sa nature, mais parce que son caractère emporté lui commandait des attitudes pourfendantes.

Une fois, il était rentré chez lui en proie à une vive surexcitation :

— Figurez-vous qu’il y a dans notre cours une sorte de « fransquillon » qui veut faire de ses embarras parce qu’il a été à Paris… Il faut l’entendre pincer son français ! C’est à crever de rire. Et le comble, c’est qu’il s’appelle Platbrood !

Il lui paraissait vraiment excessif qu’affublé d’un nom pareil, on s’avisât de bien parler et de n’être pas grossier. Aussi, tous les jours, c’était contre le jeune homme un grief nouveau. Mais ça allait finir. Il materait ce type-là !