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LES DEUX CROISIÈRES

Je passai fraternellement mon bras sous le sien :

— Allons, dis-je avec bonté, les temps sont révolus : épanche-toi ! J’ai l’âme et la patience d’un confident de tragédie.

Il résista un moment, essaya de plaisanter comme jadis ; tout à coup, la crise se décida.

Ce fut une confession complète : il dévida son roman tout entier.

Il aimait Mme de L…, la femme du banquier. Elle l’avait si cordialement accueilli après la mort de son père ! Le charme, les grâces de sa bonté avaient agi sur son âme dolente bien plus que les agréments de sa personne. Déjà une certaine familiarité s’était établie entre eux quand la jeune femme partit pour l’Italie. Mais cette absence, loin de les désunir, les rapprocha davantage ; il lui adressait là-bas des lettres hardies et mélancoliques où perçaient sa tendresse et le chagrin de la séparation. Elle lui répondait avec un aimable enjouement,