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LES DEUX CROISIÈRES

avait le cœur libertin et pratiquait une sorte de galanterie mondaine. Elle avait la bonté, les gentillesses d’une Manon, mais avec ses complaisances impardonnables, ses moments de curiosité, de corruption.

C’est alors que Reynaud goûta ces joies armées de griffes qui lacèrent le cœur ; c’est alors qu’il ressentit le plus vivement les cruelles délices de la passion, car le plus grand charme d’une maîtresse aux yeux d’un amant c’est peut-être ce désir qu’elle inspire aux autres…

Il vécut ainsi trois mois dans la fièvre d’une atroce jalousie que savait apaiser pour quelques heures une sirène rompue à tous les manèges de la coquetterie. Mais il se faisait honte de sa lâcheté.

Un après-midi de décembre qu’il flânait entre chien et loup dans une petite ville de province, il la surprit tout à coup comme elle sortait d’une