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LA LIGNE DES HESPÉRIDES

— Ah, soupira-t-il, si cela pouvait être vrai !

Un an s’écoula de nouveau sans qu’il eût congédié ses chimères. Il dépérissait ; des sillons de chagrin creusaient son visage. Son cas s’aggravait d’hallucinations : il voyait cette femme partout.

— Et pourtant, disait-il, il me semble bien qu’il y a maintenant, entre elle et moi, une distance infinie, plus grande qu’un océan. Je suis plus loin d’elle, ici, que lorsque j’errais à travers le monde. Que fait-elle ? À quoi pense-t-elle ? Quel mystère ! Un mystère qui me tue ! Je ne lui fais pas un vide alors qu’elle reste tout pour moi et la souveraine de ma vie. Elle m’a oublié, et moi je l’attends, je la désire, je l’appelle !

Sa tristesse devenait parfois bourrue au point de ne plus supporter ma présence. Il se claustrait chez lui, solitaire, écoutant les plaintes sourdes de son cœur. Tout lui pesait. Il ne s’accommodait plus à la vie.