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ATLANTIQUE IDYLLE

sens tout mon courage s’affaisser, comme le charbon d’un feu qui meurt.

— Ainsi, je serai ce petit point noir, je serai mousse, moi !

Soudain, la pluie crépite sur le zinc des toitures comme une grêle. Un effroi indicible me saisit. Depuis quelques jours, je vis dans une excitation factice, fasciné, ébloui par le mirage des choses que je vais voir : l’Océan, une terre inconnue ! Je me suis dit : « Oui, tous les sacrifices, toutes les fatigues, tous les dangers, si je découvre après cela du nouveau, du jamais vu ! »

Et voilà que pour conquérir l’émotion, je suis là, devant ce navire en partance, perdu dans un grouillement d’êtres inconnus, bousculé, insulté par les dockers brutaux dont ma flânerie entrave le fiévreux labeur.

Je redeviens lucide. La folie de mon projet m’apparaît enfin.

Non, je n’irai pas au commissariat