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LES DEUX CROISIÈRES

toujours le souvenir de vos bontés. Je vous remercie de tout mon cœur…

Je la regarde éperdu, douloureusement charmé, voulant encore entendre ses dolentes paroles qui me bouleversent l’âme de joie et d’angoisse.

Sa voix s’altère, s’entrecoupe de soupirs ; des larmes jaillissent de ses yeux :

— Et vous, dit-elle en saisissant mes mains, est-ce que vous m’oublierez ?

Alors, dans une explosion de tendresse muette et désespérée, je l’attire dans mes bras et la presse contre ma poitrine avec tout ce qu’il me reste de force…

Sur le quai de Jersey-City, elle se retourne une fois encore et m’envoie de la main le suprême adieu.

Puis, entraînée par son compagnon, elle disparaît au milieu de la foule des émigrants dans le hall de la douane.

Je cache mes yeux. Je ne mens plus à