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Page:Courouble - Madame Kaekebroeck à Paris (La famille Kaekebroeck), 1910.djvu/37

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Mme KAEKEBROECK À PARIS

Il la regardait, amusé de son infatuation maternelle et l’encourageait à surenchérir par ses taquineries, tandis qu’un sourire énigmatique glissait parfois sur sa physionomie à la pensée de tout ce qu’elle apprendrait à Paris et qui ébranlerait peut-être sa belle confiance dans la supériorité de ses moutards.

Le petit vin blanc qu’elle buvait sans se faire prier emportait sa mélancolie ; son visage s’empourprait des plus belles couleurs. Elle entrait dans un état de félicité expansive, s’extasiant sur la dextérité des serveurs, vantant la succulence des plats. Toutefois, elle reconnut qu’il n’y avait pas assez de sel dans la barbue :

— Et pourtant, disait-elle, tu sais si je suis une fade !…

Parfois, entre deux bouchées, elle appuyait son front contre la glace et jetait un regard émerveillé sur la campagne embrunie dont les glèbes nouvellement retournées, humides et grasses luisaient doucement au dos de la