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Mme KAEKEBROECK À PARIS

Quelques-uns, à la langue bien pendue, faisaient la parade, présentant les hommes du jour sous la forme d’un joujou symbolique, une baudruche le plus souvent qu’ils gonflaient à leur bouche et déposaient sur une planchette où elle rendait l’âme en poussant un cri de Guignol.

D’autres, aux allures louches, prudentes, l’air gouape, s’approchaient des consommateurs pour montrer sous leur veston des objets clandestins.

Et sans cesse se relayaient les marchands de journaux criant les éditions du soir, tandis que derrière la foule montait le grondement des voitures et s’égosillaient les cochers se prenant de gueule.

Une petite vieille survint, hâve, décharnée, vêtue d’une mince défroque et qui glapissait :

— La Prêeesse, demandez la Prêeesse !

Elle était si menue, si frêle… Sa vue serrait le cœur ; on la sentait vieillie par la misère encore plus que par les années.