Page:Courteline - Ah Jeunesse!, 1904.djvu/21

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Alors, elle se faisait câline, elle avait les rires complaisants d’une personne qui sait qu’on plaisante, prend en bonne part la plaisanterie et montre, n’ignorant point qu’elle en sera récompensée, comme elle a un bon caractère.

Et le courage me manquait de lui tenir longtemps rigueur ; je les lui donnais, ses bonbons ; mais combien parcimonieusement ! diraient nos messieurs d’aujourd’hui.

Je les arrachais de leur enveloppe avec les efforts les mieux joues et je les lui offrais un à un, riant de voir s’allumer en ses yeux les convoitises d’un bébé à qui on donne ses étrennes, et tressaillir d’aise, sous la jupe, la croupe superbe de cette grande bringue, moitié chatte, moitié jument.

Tenez, j’ai encore dans l’oreille l’écho du cri de joie qu’elle poussa pour une pipe de sucre rouge ; de la voix pénétrée dont elle me dit : « Merci ! » un soir où je lui avais donné, liés avec une faveur tendre, un paquet de minuscules journaux enveloppant du chocolat.

Quelle gosse !

Elle était de celles qui, arrivées à l’âge de la première communion, y demeurent et s’y cramponnent,