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VIII


Arrivé au rendez-vous avec vingt minutes d’avance, je m’étonnai un petit peu qu’elle ne fût pas déjà là.

À mon entrée, plusieurs garçons s’étaient levés, empressés. L’un d’entre eux s’approcha de moi, vint solliciter mes ordres.

— Monsieur déjeune ?

— Oui. Tout à l’heure. J’attends l’arrivée de quelqu’un.

Il s’inclina.

C’était en vérité un beau, un très beau monsieur, ce garçon.

Sa solennelle correction était celle d’un ambassadeur, et ses joues, à peine frottées d’une couche de favoris trop bruns, évoquaient une idée de tartines de caviar qu’aurait graissées la main économe d’une marâtre.