Aller au contenu

Page:Courteline - Boubouroche.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Timide, de cette timidité puérile des gens qui se savent un peu bornés et se sentent dans un milieu qui n’est pas le leur, il était sage comme une petite fille, parlait tout bas, comme dans une église, et reniflait pendant des heures, par crainte d’attirer l’attention en se mouchant. Enfin, la pâture quotidienne achevée et le paraphe posé au bas de la dernière page, nous descendions au boulevard, prendre à une terrasse quelconque le vermouth de l’amitié.

Le plus souvent, ces jours-là, nous passions la soirée ensemble ; Laurianne me prenait sous le bras et m’entraînait jusque chez lui, place du Théâtre, à Montmartre, où nous dînions en camarades, moi, Laurianne et la maîtresse de Laurianne. Mes enfants, une rude fille, cristi ! Des carnations !… Un vrai Rubens ! Je l’avais prise en amitié à cause de ses belles couleurs et aussi de son bon caractère ; et, de fait, il était impossible de réaliser mieux que cette fille le type idéal de la femme d’ami. Pas de nerfs ! Toujours de bonne humeur ! Je n’ai jamais rencontré — j’ai pourtant connu bien