Page:Courteline - Boubouroche.djvu/73

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de tête pensifs, des réflexions comme celles-ci : « Le ver est dans le fruit, jetons-le », ou « Je renonce à un amour d’où la confiance s’est retirée ! » ou « Je tiens à ton affection, mais plus encore à ton estime ! », discours qui trahissaient chez elle une force d’âme peu commune, alliée à une rare délicatesse de sentiments. Mais, soudain, à propos de rien, comme si l’excès de sa vaillance eût éclaté ainsi qu’une étoffe trop tendue, voici qu’elle se trouva au cou de son amant, sanglotante, bégayant : « Quitte-moi !… il le faut !… Fuis ! Va-t’en !… Mais, par charité, n’éternise pas mon supplice ! »

Alors Boubouroche comprit combien l’homme est bête et crédule ; sur l’immensité de ses torts s’ouvrirent ses yeux dessilés, et, ayant enfermé de ses doigts de portefaix les épaules, les frêles épaules de celle qui lui était chère entre toutes, il fit ce que fit le Divin Maître au Jardin des Oliviers : il inclina la tête et pleura amèrement. Et, la tragédie commencée versant brusquement dans l’églogue, le massacre attendu accouchant d’une idylle, un même divan reçut les croupes