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Page:Courteline - Bourbouroche. L'article 330. Lidoire. Les balances. Gros chagrins. Les Boulingrin. La conversion d'Alceste - 1893.djvu/38

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toire de mes mœurs. Montrer mon derrière ! Pourquoi faire ?

Le président.

C’est ce qu’établiront les débats. En attendant, treize mille six cent quatre-vingt-sept personnes déclarent, je vous le répète, l’avoir vu.

La Brige.

Trop poli pour les démentir, je consens à ce qu’elles l’aient vu, mais je nie formellement le leur avoir montré.

Le substitut.

Vous jouez sur les mots.

La Brige.

Pas si bête ! Je m’efforce, au contraire, de les emprisonner dans leur véritable sens, dès lors, de présenter les choses sous leur véritable jour.

Le président.

Bref, vous niez les faits qui vous sont reprochés ?


LE SUBSTITUT. — Le cocher de fiacre proteste et ameute la foule.
La Brige.

Je nie tomber sous le coup de l’article 330 qui prévoit et punit le délit d’outrage public à la pudeur.

Le président.

Vous pouvez vous asseoir. (La Brige se rassied.) Il y a des témoins ?

Le substitut.

Il y en aurait eu trop, monsieur le président. Le Ministère Public a donc pris le parti de n’en faire citer aucun. Aussi bien, le délit, hors de discussion, fait l’objet d’un constat de Me Legruyère, huissier à Paris, constat dressé en bonne et due forme dans les termes requis par la loi et dont je demanderai au tribunal la permission de lui donner lecture.

Le président.

Le tribunal vous écoute. Lisez, monsieur le substitut.

Le substitut, lisant.

« L’an 1900, le 21 septembre, j’ai, Jean-Alfred, Hyacinthe… »

La Brige, à mi-voix.

Tous les huissiers s’appellent Hyacinthe ; on n’a jamais su pourquoi.

L’huissier.

Silence !