Page:Courteline - Bourbouroche. L'article 330. Lidoire. Les balances. Gros chagrins. Les Boulingrin. La conversion d'Alceste - 1893.djvu/92

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MADAME BOULINGRIN.

Tu vas mourir !

DES RILLETTES, à Boulingrin qui s’est fait de lui un paravent.

Ah non, eh !… Lâchez-moi ! Pas de blagues !

BOULINGRIN, au comble de l’effroi.

Ne bougez pas, bon sang de bonsoir !


MADAME BOULINGRIN. — Tu vas mourir !
MADAME BOULINGRIN, ajustant.

Ôtez-vous, monsieur des Rillettes !

BOULINGRIN.

Non ! Non !

MADAME BOULINGRIN.

Ôtez-vous de là ! Je tire.

BOULINGRIN.

Restez ! Je suis un homme perdu. Je la connais, elle est capable de tout ! Protégez-moi, monsieur des Rillettes ! C’est à ma vie qu’elle en a !… Ah ! la misérable ! la gueuse. Au secours ! Au secours !

MADAME BOULINGRIN.

Ah ! c’est comme ça ! Vous ne voulez pas vous retirer ? Eh bien ! tant pis pour vous si vous y laissez votre peau ! Il faut que ça finisse ! Il faut que ça finisse ! La mesure est comble ! gare l’obus !

DES RILLETTES.

Monsieur Boulingrin, par pitié !… Madame Boulingrin, je vous en prie !… je ne veux pas mourir encore !… Ah ! mon Dieu, quelle fâcheuse idée j’ai eue de venir passer la soirée !…

Tumulte. Les trois personnages hurlent à l’unisson.
BOULINGRIN, brusquement.

Oh ! Quelle idée !… (Il souffle la lampe.) Vise-moi donc, maintenant !…

Nuit complète sur la scène, de même que dans la salle, et, du sein de ces ténèbres profondes, surgissent, en hurlements, les phrases suivantes :

LA VOIX DE BOULINGRIN.

Ah ! tu voulais m’assassiner ?… Pif !

Bruit d’une gifle.
LA VOIX DE DES RILLETTES.

Oh !

LA VOIX DE MADAME BOULINGRIN.

À mon tour… Paf !

LA VOIX DE DES RILLETTES.

Ah !

Tumulte nocturne. On entend : « Canaille ! Crapule ! Poison ! Escroc ! » et le bruit de quatre nouvelles gifles, que l’infortuné des