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III


Par les dessous du théâtre où me déversèrent des successions d’escaliers enténébrés et vermoulus, dont les marches vacillaient sous la semelle comme, sous la pesée du dentiste, vacillent des dents déchaussées, je m’aventurai avec précaution, voire avec un peu d’inquiétude. Brusquement, en effet, une terre inconnue se révélait à mes regards, toute une contrée insoupçonnée de pilotis enchevêtrés dressés en X, en T, en H, et qu’écrasait de sa pesanteur un plafond fêlé de minces caustières. Et à la lueur jaune de quinquets brûlant mélancoliquement derrière des grillages de laiton, c’était le mystère inquiétant des activités silencieuses ; des ombres allaient et venaient, dont je distinguais les cous puissants émergés de tricots à bandes bleues, les mains en gigots de moutons, les pieds chaussés d’espadrilles. Ces gens se grouillaient, il fallait voir ! Ils tiraient sur des câbles, baladaient des portants,