Page:Courteline - L'illustre Piégelé, 1904.djvu/41

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C’était curieux et bien fait ; on aurait dit de la montée lente d’une fusée.

Pour moi, j’admirais de toutes mes forces, un peu déçu, pourtant, je l’avoue, car l’idée ne m’était pas venue que je dusse partager avec des étrangers la satisfaction d’être jeté tout vif à la surprise et aux acclamations d’une foule, délirante d’enthousiasme. C’est vrai, quand on s’est habitué à se prendre pour le soleil, rien n’est plus agaçant et plus insupportable que de se buter à une concurrence. Or, comme je rêvais à ces choses, voici que s’éleva de nouveau, dans le silence bourdonnant des dessous, l’organe tonitruant du chef machiniste.

— Attention !

Je tendis l’oreille, visité d’un pressentiment.

— Amenez le chevalier Hanneton. Le chevalier Hanneton !…

Je devins pâle. Mon sang afflua à mon cœur où il sonna à coups de bélier.

Ah ! l’approche des victoires certaines ! le seuil enfin aperçu, des paradis convoités longuement !

À travers le trouble indicible où tout mon être se liquéfiait, une vision m’illumina ; je vis la salle debout,