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Le combattant Grenouillot.

C’est exaspérant !
Un temps.
Continuation du jeu de scène du principal témoin.
Soudain :

Le combattant Grenouillot, en proie au déchaînement des tardifs repentirs :

C’est exaspérant ! Non, mais quel besoin avais-je
De goûter ce bonbon au goudron de Norvège ?
Ce noir pruneau ? ce sec hareng-saur dont la peau
Flasque, se ride et tremble au vent, comme un drapeau ?
Quoi ! j’ai pu, de ce monstre enjuponné qu’adorne
Le semblant d’à-peu-près d’un vague fessier morne
Et de qui le corset fermé sur des manquants
Évoque les murs nus des logements vacants,
Envolupter les yeux énormes de dorade ?…
Hélas, oui !… C’était la femme d’un camarade ;
Par conséquent l’attrait d’un plaisir interdit…
L’homme n’est qu’un fourneau ; c’est Pascal qui l’a dit.
Né pour suivre tout droit et simplement la file
Des matins et des soirs que la Parque lui file,
En cueillant au hasard de la main les fruits mûrs
Dont l’été fait danser les ombres sur les murs,
Il lui faut le fumet des voluptés fraudées