Page:Courteline - La philosophie, 1922.djvu/170

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marquée à le devenir, il ne tarde pas à la perdre. Il est bête, malfaisant, hâbleur, malintentionné, ivrogne, sottement sceptique, niaisement crédule, insolent comme un page ou plat comme une punaise selon qu’il se trouve en présence ou d’un plus faible ou d’un plus fort que lui ; aussi inapte à gérer ses affaires qu’enclin à se mêler de celles des autres, il vole tant qu’il peut, n’arrête pas de mentir, joint au ridicule naturel dont les fées lui furent prodigues le ridicule de ridiculiser les ridicules du prochain et pousse, à l’égard de ce dernier, le sans-gêne à de telles limites, que, volontiers, pendant des heures, il jouera du piano, d’un doigt, empêchant sciemment les écrivains d’écrire, les malades de prendre du repos et les mourants d’agoniser. Il est le Prince Goujat, le Mufle avec un grand M. Comme on chantait dans les Économies de Cabochard :


Voilà,
Il est tout cela ;


mais il n’est pas, je le répète, méchant au