Page:Courteline - La philosophie, 1922.djvu/175

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Les mots me font l’effet d’un pensionnat de petits garçons que la phrase mène en promenade. Il y en a des bruns, il y en a des blonds, comme il y a des brunes et des blondes dans les Cloches de Corneville, et je les regarde défiler, songeant : « En voilà un qui est gentil ; il a l’air malin comme un singe » ; ou « Ce que celui-là est vilain ! Est-il assez laid, ce gaillard-là !… »

C’est que les mots ont une vie à eux, une petite vie qui leur est propre, qu’ils ont puisée, où ? on ne sait pas !… dans les lointains des balbutiements et des siècles !

Je sais, et vous aussi, une vieille chanson d’où sont absents le sujet, le complément et le verbe, et qui n’en est pas moins charmante, pleine d’évocation et de rêve :

Orléans, Beaugency,
Notre-Dame de Cléry,
Vendôme.