Page:Courteline - La philosophie, 1922.djvu/75

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nable, elle constitue la plus charmante, souvent la plus sage des compagnes.

Je la connais ; nous avons vécu ensemble sous l’ombre des moulins de la Butte, au temps de ma chère jeunesse, et elle m’apparaît aujourd’hui comme une maîtresse qu’on a quittée sans savoir au juste pourquoi, à laquelle, de temps en temps, on va faire une petite visite, et qui se laisse peloter en riant tandis qu’on pense d’elle : « Bonne fille ! qui ne m’a jamais donné de mauvais conseils, et ne me laissera que de bons souvenirs ! »

Il n’est pas prouvé le moins du monde que le simple instinct des jeunes gens ne l’emporte pas en clairvoyance sur ce qu’on est convenu d’appeler « l’expérience » des vieilles personnes.

J’ai follement aimé ma jeunesse, je l’ai aimée passionnément, aimée comme une