Page:Courteline - La philosophie, 1922.djvu/90

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passer la nuit sur un banc, faute de pouvoir articuler clairement, à un cocher qui l’eut ramené, les syllabes de son adresse. Et ce lointain souvenir de jeunesse m’ouvre les yeux sur l’utilité d’un petit guide, baptisé, je suppose :


LE MENTOR DU POCHARD,


où, d’après des observations puisées aux sources les plus sûres, un double tableau serait dressé, des rues, boulevards, carrefours et autres, recommandés ou déconseillés aux gens dont la sobriété n’est pas la vertu dominante.

On y lirait, par exemple, des avertissements dans ce goût :

« Nous signalons à nos clients l’avantage qu’il y a pour eux à loger dans des rues de noms brefs et où n’abondent ni les R ni les S, ces deux consonnes étant franchement incompatibles avec l’état d’ébriété et la difficulté d’élocution qui en résulte le plus souvent. Aussi, désignerons-nous à leur préférence, d’une façon toute particulière, les rues Cadet,