Page:Courteline - Le Train de 8 h 47, 1890.djvu/122

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Il avait pris un air réjoui, et, pataudement, il se dandinait sur ses jambes, faisant le bonhomme dont les ébats de la jeunesse réveillent le vieux fonds de paillardise engourdie :

— Eh ! eh ! on va rire un brin, faut croire ! Vive la joie et les pommes de terre, pas vrai ? Ah ! les gaillards, vont-ils s’en donner, tout de même ! Amusez-vous donc, sacrebleu, c’est de votre âge. Ah ! si j’avais encore vingt ans !…

Et, rêveuse, cette noble crapule élevait les bras vers le ciel, évoquant des souvenirs lointains, des horizons déjà effacés à demi où folâtraient des envolées de cotillons, des visions entr’aperçues de baisers pris au vol sur les lèvres des belles ! À la fin, il se calma ; il serra la main des deux hommes en leur souhaitant bon voyage et il s’en revint à ses lares, ce pendant que La Guillaumette, point dupe de cette comédie grossière, faisait siffler entre ses dents serrées le mot de situation :

— Va donc, eh vache !