Page:Courteline - Le Train de 8 h 47, 1890.djvu/207

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les voulut point davantage, ils se virent restitués par celle-ci à celle-là, ramenés ensuite de celle-là en celle-ci. Ils arpentèrent successivement, ballottés comme des feuilles sous un souffle de tempête, les chaussées de l’une et de l’autre, les faubourgs bêtement bourgeois de la seconde et les carrefours pittoresques de la première, frôlèrent alternativement, de leurs coudes et de leurs bancals, des devantures baissées de confiseries modernes et des bicoques sapées par l’âge, gonflant sous l’auvent de leurs toitures, des façades que sanglaient des poutres vermoulues. Sur la pâleur du jour naissant des silhouettes indécises dansaient. Tel qu’en la fantasmagorie vague d’un cauchemar, ils virent des rues, ils en virent d’autres, ils virent des places et des fontaines, avalèrent des kilomètres entiers d’escaliers, vinrent, revinrent, butèrent, culbutèrent, ascensionnèrent des rampes à pic, descendirent des côtes en pente douce, tant et si bien que de montées en descentes, de rues en rues,