Page:Courteline - Le Train de 8 h 47, 1890.djvu/233

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La brune continua :

— Ça pue pourtant assez !

— Eh ! fit l’autre qui le prit de haut, c’est toi qui pues ! T’as l’blair[1] bien délicat, ce matin ! Pour sûr que j’aime mieux être ici q’dans tes chaussures !

Il y eut querelle, ces dames échangèrent de la fange. M. Frédéric qui, tout juste, faisait sa réapparition, se vit contraint d’intervenir :

— Allons, voyons, un peu de calme ! Rosa, s’il vous plaît, taisez-vous !

Aussi bien était-ce là de l’histoire ancienne. Il n’avait pas achevé de dire “ taisez-vous ” que déjà elles n’y pensaient plus : brune et blonde, le dos l’une à l’autre tourné, chevauchaient en amazones les cuisses tombantes des deux soldats. Elles avaient l’acrimonie facile des filles mais aussi le manque absolu de toute rancune, pareilles à ces pierrots rageurs bataillant sur les toits, du bec et de la griffe, pour une simple miette de pain que

  1. Le nez.