Page:Courteline - Le Train de 8 h 47, 1890.djvu/241

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blait qu’elle n’eût jamais eu de commencement, qu’elle se perdît en un éloignement de siècles écroulés les uns sur les autres ! Sans la force d’une tentation, insensibles, annihilés, ils couvaient de leur œil éteint ce déballage de magnificences féminines. De l’ouate coulait en leurs veines ! Ils avaient réussi à libérer leurs cuisses, — sournoisement, d’une poussée lente qui ressemblait à une caresse, — et précipitamment s’étaient mis à l’abri de toute invasion nouvelle, en ramenant devant eux leurs sabres, plantés droits entre leurs genoux. Et ainsi, les mains en avant, posées sur les gardes des armes, renversés eux-mêmes en arrière dans le dossier amolli de la banquette, ils goûtaient, calmes et béats, l’infinie jouissance d’être assis.

À la voix de M. Frédéric, La Guillaumette, cependant, s’éveilla.

Il éleva vers le maître de l’établissement un regard que voilait un rêve, et déjà il ouvrait la bouche pour répondre quand le cadran d’un œil-de-