Page:Courteline - Le Train de 8 h 47, 1890.djvu/272

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eux une brume de beau temps, l’opaque buée qui monte des théières ouvertes. La ville s’éveillait, s’ouvrait à la caresse tiède du matin. Des persiennes frappaient les murs, et dans le noir des fenêtres ouvertes, sur des fonds vaguement devinés de petits intérieurs bourgeois et provinciaux, des visages vinrent et s’attardèrent, des têtes étonnées et vaguement inquiètes, que surplombaient encore des tiares nocturnes aux blancheurs immaculées. Sur le passage des deux soldats, des portes commencèrent à s’entr’ouvrir doucement, des regards en filtrèrent de biais. Il y eut d’une maison à l’autre tout un échange de coups d’œil éloquents. Au bord des trottoirs étroits, des ménagères matinales s’arrêtèrent ; des gosses en maillot, apparus aux croisées, gueulèrent qu’ils voulaient “ avoir les beaux messieurs ”.

— Pays !

— Eh ?

— Y a du bon !

— Ah bah !