Page:Courteline - Le Train de 8 h 47, 1890.djvu/333

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légère. Quant à Flick, il semblait qu’il eût perdu sa langue ; de toute la puissance de sa contrition, de son mutisme et de son inertie, il résistait à l’attaque brutale du capitaine Hurluret. Celui-ci se taisait à son tour, tâchait à ravaler son exaspération. Soudain, elle déborda, lui jaillit hors des lèvres, et, lâché, toutes voiles au vent, dans une mauvaise foi héroïque, il flanqua à l’adjudant Flick huit jours qui ne rimaient à rien :

— Allez ! huit jours ! vous les avez ! vous pouvez aller prendre votre paillasse ! Et si, sacré nom de Dieu, vous n’êtes pas augmenté de huit jours, au rapport de demain matin, je veux être changé en bénitier ! Voilà !

Sur quoi, il tourna les talons, et fut conditionner à Flick un libellé dans les grands prix. Flick ne coupa aucunement à l’augmentation prédite, et dès lors, quinze jours durant, il connut l’amère douceur de venir le soir, devant le poste, à l’appel des consignés prendre la file comme un bon bougre.