Page:Courteline - Les Boulingrin, 1898.djvu/22

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c’est elle qui a raison !… une gueuse qui me suce le sang, me ronge le cerveau, le poumon, les reins, les pieds, le foie, la rate, l’œsophage, le pancréas, le péritoine et l’intestin, et c’est elle qui a raison !

Des Rillettes.

Voyons…

Madame Boulingrin.

Ne faites pas attention, il est fou.

Boulingrin.

Raison !… Vous dites qu’elle a raison parce que vous parlez sans savoir, comme une vieille bête que vous êtes.

Des Rillettes, assez sec.

Trop aimable.

Boulingrin.

… Mais si vous étiez à ma place, vous changeriez d’opinion. Oui, ah ! je voudrais bien vous y voir ! Vous en feriez une, de bouillotte, si on vous mettait à la broche avec une gousse d’ail dans le derrière, et qu’on vous foute ensuite à roter devant le feu, depuis le premier janvier jusqu’à la Saint-Sylvestre.

Des Rillettes.

Comment ! à roter devant le feu !…

Boulingrin, se reprenant.

À rôtir !… Je ne sais plus ce que je dis.

Madame Boulingrin.

Il est fou à lier.

Boulingrin.

Fou à lier ?… Gueuse ! Scélérate ! Plaie de ma vie ! (Saisissant des Rillettes par un bouton de sa redingote