Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/116

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mais, pour Dieu, finissons-en ! Nous avons à parler de choses plus sérieuses. Hour, mon ami, s’il vous plaît. Hamiet, mon vieux, que je vous présente.

Et la formalité eut lieu. Stéphen Hour, toujours homme du monde, témoigna de la satisfaction que lui cachait cette mise en rapport : il ravala bruyamment des crachats. Hamiet, lui, salua froidement et commanda des Tarragone, car le patron de la Pie-Borgne venait personnellement et précipitamment prendre les ordres de ces messieurs avec le souriant empressement d’un pauvre homme qui ne désespère pas de repêcher sa maison noyée.

Enfin, les petits verres emplis et le patron restitué à sa caisse, Cozal put initier son collaborateur au motif de sa visite.

— Préparez-vous, mon bon, dit-il, à une grande et joyeuse nouvelle. Voici Monsieur qui veut acheter un théâtre et ouvrir… Devinez avec quoi ? Devinez un peu, pour voir ?… Avec Madame Brimborion !

Il se tut, attendant l’effet : mais l’effet ne se produisit pas. Stéphen Hour n’avait pas bronché. La fortune venant enfin à lui, il l’accueillait sans aucune surprise, simplement, du « Ah ! » strictement dû aux choses strictement dues.

— Eh bien ! reprit Cozal un peu décontenancé ; ça ne vous dit rien, cette affaire-là ?

— Ça dépend, répondit Stéphen Hour ; il faut voir.

— Voir quoi ?

— Voir quoi !

Hour sursauta.

— Pensez-vous que je vais confier au premier venu les destinées de ma partition ?

Il dit « ma partition », rien de plus, et il sembla à Cozal