Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/127

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diamétralement opposée à la vôtre, et que, niant à vos exigences le droit qu’elles s’arrogent tranquillement de paralyser nos efforts, à Mademoiselle, à Monsieur et à moi, je me passerai de vos mélodies avec calme et sérénité si vous me contraignez à ces moyens extrêmes, et ferai faire la musique de Madame Brimborion par Claude Terrasse ou par Hirchmann qui ont autant de talent que vous ! J’ajoute qu’il est inutile de faire fonctionner vos moustaches comme si on en avait monté chacun des poils sur un petit boudin de laiton : vous ne m’inspirez aucune crainte ! Si une seule minute vous avez pu me prendre pour un monsieur auquel on flanque des calottes et qui pousse ensuite une romance, en fa dièse, en mi naturel ou en n’importe quel autre ton, vous vous êtes grossièrement mépris ! Est-ce, aussi, suffisamment clair ? Vous m’embêtez, à la fin !

Il y eut un temps.

— Bien fait ! fit Hélène à mi-voix.

— Attention ! songea Cozal.

Il se tenait prêt, sentant ces deux hommes ennemis nés, et résolus à empêcher coûte que coûte le coup de torchon imminent, le colletage qui était dans l’air. Mais sa surprise fut sans borne. Hour, en effet, se transfigurait à sa vue, au point de devenir méconnaissable ; les coins de sa bouche amenés comme avec des crocs jusque par delà les oreilles, ses yeux – ces yeux qu’assombrissait la sépia d’une rogne de tous les instants, – devenus soudain pareils aux fenêtres d’une pièce où l’on vient d’allumer les lampes, et la boucle de sa ceinture éclatée, ainsi qu’un pétard, sur le trémoussement libéré et précipité de ses tripes.

— Ah ! ça, mais, se dit le jeune homme abasourdi, il rit !

Il riait ! parfaitement ; il riait !… Le seul prononcé de deux