Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/134

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toupet infernal, du patron, récréait fort ce vieux finaud nourri de la moelle des lions et pétri jusqu’au bout des ongles des saines traditions d’Offenbach.

— Très bien ; oui, ce sera très bien, affirma de nouveau Hamiet à qui le manque d’enthousiasme de sa troupe commençait de porter sur les nerfs.

Il s’était approché de la rampe, et, de là, il fouillait le crépuscule de la salle, cherchant Cozal qu’il savait à l’orchestre.

C’était un puits d’ombre confuse où flottaient les dorures éteintes des girandoles, les nappes livides des housses couchées sur le velours des balcons. Les cristaux du lustre descendu, reposé aux dossiers des fauteuils, jetaient dans le lointain des traits phosphorescents, et, à la lueur d’une servante dressée près de la boîte du souffleur, on distinguait le rire idiot de deux cariatides aux yeux vides qui soutenaient, de leurs épaules voûtées, les avant-scènes de seconde.

Il demanda :

— Tu es là, vieux ?

Ils se tutoyaient à présent.

— Je suis là.

— Ah, bon ! Ça va, bien ?

— Mon Dieu, oui, répondit Cozal de la même voix dont il eût répondu : « Mon Dieu non. » Je trouve cela assez gentillet.

À ces mots :

— Eh bien, vrai, vous n’êtes pas difficile ! fit tranquillement Stéphen Hour, de qui le fauteuil, un rang plus bas, ne suffisait pas à contenir l’importance. Je trouve cela imbécile, moi ; c’est le dernier mot du vulgaire, de la banalité et du manque de goût.

Depuis qu’Hamiet avait voulu mettre la main à la partition