Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/152

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Elle obéit. La voici près de lui, assise, d’une cuisse, au bord du petit lit, qui plie un peu sous son poids. Et ce sont des confidences d’amoureux, des papotages puérils, le trop-plein qui enfin déborde, des câlineries et des tendresses, tandis qu’au dehors la pluie tombe, et que du parapluie de Marthe Hamiet, posé ouvert sur ses baleines, coule et s’étend une mare noire, sur le plancher de bois blanc du nid.


X


Ce soir-là eut lieu à huis clos, ainsi qu’Hamiet en avait décidé, la dernière répétition de Madame Brimborion. Elle fut singulièrement houleuse, vu le chiquage survenu entre Stéphen Hour et Pouperol à la suite d’une observation imprudemment présentée par celui-ci à celui-là sur le ton d’aménité particulier à son genre d’éloquence, l’intervention conciliatrice de Maudruc qui était sorti de l’aventure avec, sur l’œil droit, un coquart fâcheusement détourné de sa destination, et enfin l’expulsion de Hour qu’un quadrille de machinistes mobilisés pour la circonstance avaient empoigné par les membres tant supérieurs qu’inférieurs et déposé sur le trottoir, devant l’entrée des artistes, comme une paillasse hors d’usage. Or, cet homme considérable s’étant redressé sur ses pieds puis acheminé vers le Faubourg Montmartre en affirmant que le thermomètre péterait sous la poussée de l’alcool le jour où on le repincerait au sein de cette bande de crapules, Cozal se dit que le moindre de ses devoirs était d’accompagner Hélène qui ne pouvait sans imprudence regagner seule la Butte à cette heure tardive, et de la déposer rue de Lorient avant de réintégrer lui-même les solitudes de la Villa Bon-Abri.